vendredi 31 octobre 2008

Le plus bel âge.






Le plus bel âge est-il celui de ses vingts ans. La jeunesse d'Aznavour qui l'emmenait en haut de l'affiche vaut-elle mieux que l'insolence du succès derrière soi que l'on entretient pour se rattacher aux choses de la vie ? Le plus bel âge est-il bien celui-là :






Celui des roseaux sauvages, et de Techineries avec son compère Gael Morel,





Ou bien celui où Melvil était encore tout poupon, sans être monsieur, Herr Man






où l'on en vient à désirer vivre et vivre pour désirer, à s'offrir aux passions tumultueuses



qui nous mènent, nous malmènent, nous égarent et finissent par nous perdre ... L'amour étudiant, la boum façon intellectuelle, khâgne, hypokhâgne, Saint-cyr et ses travers...


Le ton n'est pas ici interrogatif pourtant, on nous le vante, on nous le vend le plus bel âge. Doit-on le croire ?
Didier Haudepin choisit l'ironie en titre de son unique long-métrage, réussi.
Réussi dans son atmosphère, réussi dans ses choix, du casting à l'esthétique, réussi par le message véhiculé; quand l'intelligence présumée se fond de principes d'honneurs, quand l'image de l'étudiante quitte l'insouciance aisée, pour laisser place à la difficulté de choyer l'élitisme, à la difficulté de se trouver soi, de se définir.
Car à vingt ans on ne se définit pas encore suffisamment, nos repères sont en devenir. Puissent-ils justement ne pas s'effondrer dans une inadéquation violente au formattage, dans une volonté de s'affirmer autre, dans la difficulté d'être autre.
L'élitisme jusqu'aux simples dialogues quotidiens fascine, interroge. On en revient toujours à cet intitulé, le plus bel âge, qu'il convient réellement de compléter de sa suite, des ..., ces non dits qui doivent vous inviter à découvrir cette singulière oeuvre.

dimanche 26 octobre 2008

Mesrine de Jean-François Richet, pour âmes insensibles


Jacques Mesrine, héros moderne. La cité va-t-elle craquer ? Quand l'ennemi public numéro 1 des 70-80 (beauf public ?) se transforme en héros inoublié, époque pokemon. Nulle poupée vaudou ici, mais des braquages en veux-tu en voilà, des évasions rocambolesques, des guns affutés, des potes Pepe le Mokoisant, des Joe l'embrouille qui se débrouillent, des parrains Depardieuesque, un chouia d'extrêmisme bien pensant; sur fonds de prise de conscience, une grande détermination et pour que la mayonnaise trop moutardée ne retombe pas, une pincée de sel noyée dans l'huile bien grasse d'une réécriture plus que complaisante. Mesrine au pays des merveilles, façon Woody Allen, que dis-je, Penelope Cruz et Scarlett Johansson auraient-pu être crédibles dans les rôles de femmes battues, maltraitées, séduites par le charisme d'un Cassel Mesrine plus beau, plus fort, qu'il ne l'était. Oui les actrices auraient pu être interchangées, quoi qu'il faut reconnaître le sérieux des acteurs et actrices, tous très bons, très convaincantq, au point de se demander si le Gérard Depardieu moderne ne se serait pas trouvé un miroir, dans ce rôle où Brando aurait fait l'affaire. Très impressionnant jeu.


En somme l'écho de ce que voulait sûrement ce cher Thomas Langman, fils de, à la détermination artistique confondante, déroutante, déroutée, consternante. Après Asterix, Mesrine. Puisse cela rapporter ...
Côté jeu des acteurs, la critique serait malvenue, les acteurs sont tous excellents.
D'un point de vue divertissement aussi la critique doit s'effacer, boum, pan, t'es mort, et que cela gicle rouge ! Enlevez moi de l'écran cette horreur de balle dans l'épaule que l'on arrache, ça me fait mal.

L'instinct de mort, une oeuvre écrite par Jacquou le craquant au sourire Sabatier 80, Tapie superstar,
un Victor Lanoux, un vrai - Dewaere l'aurait campé sans faille, écorché. Godard aurait pu choisir Jean Yann. Cassel se révèle bon - réédité aux éditions Flammarion qui peuvent espérer gagner un peu d'oseil, un peu de fraiche.

"Pour moi, Jacques Mesrine est le dernier gangster français, raconte le producteur Thomas Langmann. Près de trente ans après sa disparition, le mythe de Jacques Mesrine est resté intact... Le cinéma ne pouvait passer à côté d'un personnage aussi fort ; l'ambiguïté de l'homme et les multiples perceptions qu'on en garde fascinent aujourd'hui encore. Nous avons été nombreux à rêver de porter sa vie à l'écran. Il n'était pas question d'en faire un modèle ou un héros, mais de montrer le personnage dans toute sa complexité, y compris ses aspects les plus sombres. Derrière l'"icône", c'est le parcours d'un homme, un biopic où se mêlent action et émotion."


En 2001, il contacta Vincent Cassel pour lui soumettre l'idée d'un film sur Mesrine. L'acteur accepta dans un premier temps de jouer le rôle-titre, avant de se rétracter, jugeant le scénario manichéen. Schroeber aurait du être le maître artificier. Magimel aurait du manier la gachette. Monsieur Thomas explosa les naseaux de son agent après refus; d'un coup de tête qu'a pu lui apprendre Campana (La chèvre de Monsieur Veber). Oui mais, oui mais, dans les milieux moins autorisés, il aurait du finir enterré façon biquot. (référence au trait d'humour à la finesse Lindt de cet "Instinct de mort")

Ce film est poignardant, non poignant, très bien fait assurément, dans la lignée d'une tradition Melvillo-Corneauesque. Une série TV noire. Une bonne note pour la dimension technique donc, beaucoup plus de réserves sur la motivation artistique... A voir ... à la télé plutôt (sur TF1, sur grand écran quand même).