vendredi 28 novembre 2008

Bonjour à la nuit: le terrorisme vu sous un autre angle

buongiorno notte "Buongiorno notte" est une oeuvre singulière d'un excellent cinéaste italien, Marco Bellocchio.
Quand Mesrine "Ennemi public numéro un" ou "l'instinct de mort" s'étale en rêverie, tueries, ensanglanteries, dans un cocktail d'actions à faire pâlir Krawzick, à faire peur à Al Capone et Don Corleone réunis, voire à Ferrara, (je ne parle pas d'Abel), dans un concert bruyant à réveiller un sourd, "Buongiorno notte" avait plutôt choisi la sobriété, l'élégance, la réflexion, la mise en abîme, l'intériorité, la subtilité, la douceur de Verdi, la légèreté frivole du moment musical n°3 de Franz Schubert, mais aussi l'utopie, l'interrogation de l'histoire, la sensibilité incarnée par une très touchante Maya Sansa.

On songe un instant à Tangerine Dream, qui nous renvoie (mais on s'éloigne du film alors) au Solitaire de Mickael Mann, mais nous nous méprenons, ces airs, ces nappes de synthétiseurs planants, électrisants, psychédilisant, faisant progresser des situations contenues, parfaitement maîtrisés, nous viennent de Roger Waters et de son légendaire, groupe, Pink Floyd.


Plongez-vous dans ces années 78 une fois de plus, côté méditérannée cette fois-ci, et imaginez que l'histoire aura écrit là-bas une alliance peu fréquente, le compromis historique d'Aldo Moro, liguant Parti Communisme et Démocratie chrétienne, entre autres, dans un renforcement des lois anti-terroristes, le pays étant en proie à des agitations extrêmistes, fasicstes ou ultra-gauchistes.


Las, les brigades rouges séquestreront puis mettrons fin au jour d'Aldo, aux idées qui pouvait être perçues comme un élan de modernité, mais qui de l'autre côté de l'atlantique sonnaient comme une alliance avec le mal de l'époque.

Les raisons de cet acte demeurent obscures, et Bellocchio ne cherche à aucun instant à nous décrire la théorie du complot américain, quoi qu'il cautionne une autre rumeur, celle faisant participer Romano Prodi à une séance de spiritisme pour retrouver l'appartement où l'homme politique était retenu. L'histoire récente a vu l'arrestation vers les 2000 de l'un des commanditaires, gageons que le temps nous éclaircira d'avantages sur les véritables filiations de cet acte commandité.
Un excellent film à découvrir ou redécouvrir , qui dépasse la simple reconstitution historique pour nous entraîner dans diverses lectures, à commencer par celles très émouvantes des lettres adressées par Aldo Moro à son petit fils ou au pape Paul VI, ou une relecture, intitulée Buongiorno Notte, tout en contraste, subtilement.

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