vendredi 23 janvier 2009

LOL

Vous êtes vous déjà demandé ce que pourrait donner la Boum 15, sur facebook ? A mon avis, rien du tout, lol !

Inintéressant au possible, vulgaire, creux, voici les trois adjectifs qui me semblent convenir le mieux à cette comédie qui est loin de retrouver la qualité d'écriture du hui-clos « Comme t'y es belle » de la même auteur.

Sophie Marceau n'y rayonne pas, son rôle semble parfois secondaire; le quotidien de son personnage ne nous amène pas à la rêverie ... La boum 15, S. Marceau remplace désormais Brigitte Fossey, Françoise Fabian serait la fille de Denise Grey.

Les pérégrinations adolescentes, les amours et potacheries nous évoquent plus « Les sous-doués », ou « Profs » auxquels on enlèverait l'intérêt; les quelques gags qui parmi d'autres médiocres parviennent à nous faire rire et passer un moment décomplexant.

Le film sonne bourgeois, et ne rechigne sur aucun cliché, à en être insultant : le succès du film en Angleterre est compromis, les gendarmes en prennent pour leur grade, surtout ceux qui n'en ont pas.

Assez consternant, en aucun cas un hymne à l'intelligence. Se lancer dans une comédie présente toujours un risque, celui de ne pas atteindre son but, faire rire; et de laisser cet arrière goût creux. Certains apprécieront peut être les lieux communs sur les comportements hétérosexuels libérés en parole (moins on en parle ...), les remarques sur les strings, capotes, pétards et autres sites web pornographiques, les SMS vidés de toute littérature (notons ici le réalisme), l'effet groupie autour d'un air pop-rock fusion de Take That et les BB brunes, ou encore les amourettes adolescentes tout en passions aussi soudaines qu'éphémères et anodines (on peut effectivement y trouver un plaisir comparable à celui que l'on peut connaît à voir le film de Pinoteau, un attachement à la petite et à ses travers sentimentaux).

D'autres préféreront s'abstenir. Allez un autographe tout de même.

Millionnaire des bidonvilles


Bombay devenu Mumbaï, cœur de Bollywood. Théâtre coloré pour qui veut voir au travers de la poussière des pots d'échappement et des travaux de la ville, théâtre animé où vous rencontrerez nababs comme lépreux, vaches sacrées comme chiens errants, musulmans, hindous et juifs, végétariens, végétaliens, ominivores, théâtre sulfureux de prises d'otages récentes, dans l'un des plus beaux hôtels de la ville et de l'Inde toute entière, la Taj Mahal. Les luxueux complexes côtoient les bidonvilles, tendent parfois à les remplacer, à les déplacer. Peu de places pour les édifices historiques, un bref passé colonial, symbolisé par cette gare Victoria, joyau touristique au même titre que Chowpatty Beach, l'anneau d'argent. Ville contrastée s'il en faut, vivante et charismatique, surchargée, étouffante, à l'atmosphère âpre, qui a inspiré Danny Boyle, monsieur "petits meurtres en amis", très British cosy, monsieur "Trainspotting", très British défonce, monsieur "La plage", très British en vacances, ou plus récemment monsieur "28 jours plus tard", très British Zombie.
Voici donc monsieur lorgnant cette fois si sur le passé colonial, dans un voyage auquel il nous convie; voyage visuel qui se veut rythmé telle l'agitée Mumbaï; course poursuite à travers les bidons et autres saris multicolores séchants. Voyage cadencé par la culture de Jamal Malik, enfant des bidonvilles, qui s'apprête à affronter son destin, devenir millionnaire, sans juste milieu, accéder à la gloire, vaincre les sarcasmes que sa condition lui a réservés, et lui réserve encore dans cette épreuve télévisée. Destin à laquelle l'Inde entière se raccroche.
Si Ewan Mc Gregor valait assurément mieux que Leonardo Di Caprio, le casting ici ne ronfle pas de noms tapageurs, pour nous autres élevés à l'hollywood chewing-gum, mais les fans de Bollywood y reconnaitrons quelques stars de là-bas, même si la star adulée Shar Ruk Khan n'a pu répondre présent. Ce parti pris a sûrement permis à Danny Boyle de retrouver son inventivité, sa vivacité d'esprit, sa capacité filmique à transfigurer, à sublimer les évènements; à les intensifier. Les couleurs, mais aussi les sons nous parviennent, la bande originale, osmose des sons indo-européens actuels nous rappelle que Trainspotting bénéficiait aussi d'un choix discographique de grande qualité, et le parallèle ne s'arrête certainement pas là. Le ton libre, la trame narrative annoncée certes, mais tenue, le rythme surtout, effréné, retrouvé dirons-nous, soutiennent la comparaison. Cette fois, la recette est cependant légèrement différente, l'humour n'est pas aussi présent, le film n'est pas nécessairement un film époque, tendance, choc; non, ici il fleure un air de fable, disons même de contes de fées, une fascination pour le destin et son écriture, une moralité bien présente, qui se comportera bien sera récompensé, une influence cinématographique évidemment empruntée, respectueuse, des dogmes Bollywoodiens.
En bien des moments, et pas seulement lors du générique final belle hommage, la référence se fait entendre, voir.
Voilà bien un film en tout cas dont le synopsis peut nous induire en erreur, voilà bien un film divertissant, voilà un film adage: « la culture se construit, se vit; la vie est culture ».

Louise Michel

Yolande Moreau nous avait impressionné en tant qu'actrice très récemment par son interprétation de Séraphine, tout en émotion, nous ne pensions pas la retrouver de ci-tôt dans l'univers de ses débuts, celui de Deschamps et Makeief, où les bonnes gens s'en donnent à cœur joie de remarques plus burlesques les unes que les autres, quand la bêtise est observée avec complaisance, voire tendresse, dans un petit village picard, en proie à un misérabilisme social ambiant. Ambiance Deschiens, quelque peu. Contons davantage, vous verrez, d'autres composantes s'adjoignent: Jean-Pierre pour pouvoir trouver du travail à sa sortie de prison se résout à changer de sexe, nouveau nom, Louise, direction l'usine de couture, premier fournisseur d'emploi de la région. De nombreuses amies, toutes sous-diplômées, des conditions de travail lamentables, un patron crapuleux, un responsable RH qui touche sa prime sur les salaires des employées, et qui s'adonne à quelques vices bien troublants, à en fermer ses trous de serrures, une galerie d'écervelés à faire peur, une lourdeur sociale omniprésente, ce tableau nous convie à un bal de délirants.

Geste humain de l'entreprise envers ses ouvrières, Françis Kuntz dans un habit de tortionnaire dont il se délecte depuis quelques années (direction Groland), dans un discours tout ce qu'il y a de plus minable, rappelant aux ouvrières leurs luttes passées, rappelle la grande générosité du patron de l'entreprise : nouvelle blouse pour toutes. Pilule amère ou signe d'amélioration qui donne lieu à détente, beuverie dans la bourgade, tourne au beauf ultime. La nuit passe, l'usine rouvre, les moyens de production ont disparu.

Le combat social doit commencer, et si l'hypothèse Full-Monty ou Fédération Francaise de Rugby est bien évoquée, l'idée de poser nue ou d'ouvrir une pizzéria ne rivalise pas avec la proposition de Louise, butter le patron par un professionnel, et quel professionnel ! Cathie se nomme aujourd'hui Michel après une transformation qui permet à son physique ingrat de trouver une résonance plus virile, qui lui ouvre les portes du métier d'agent de sécurité. Michel, donc, vit dans une misère assez ultime, et se rassure en s'inventant une vie de combattant du chemin des dames, ou compagnon d'Oswald.

Ce décor est bien celui qui est cher à Délépine et De Kervern, trublions de Canal Plus, et s'éloigne cette fois-ci un peu du sérieux d'Altraa ou Avida, sans pour autant tomber dans la niaiserie embourbée de Mickael Kael contre la World News Compagnie: nous versons dans le trash, sans limite, excessif à souhait; tous les interdits sont mis en scène avec beaucoup de plaisir.

Nous lorgnons bien évidemment par cet humour noir du coté du « C'est arrivé près de chez vous » de Poelvoorde et de ses amis belges, ou encore de « Bernie » de Dupontel.

Ces derniers sont au casting; tout comme d'autres amateurs du genre, le longiligne Christophe Salengro qui quitte ici sa présipauté pour arborer un seyant string ; si Gerflor refaisait des dalles il en irait de ses célébrissimes « Et hop », tandis que que Philippe Katerine se souvient de ses premiers tubes irrévérencieux, et entonne son « Jésus Christ mon amour » dans un de ses lieux glauques qui ont remplacé les maisons closes, autour d'une barre de gogo danseuses.

Le producteur du film lui même apparaît au casting, en bourgeois reconverti en écolo jusqu'au boutiste, pathétique, qui nous font, heureusement, oublier son dernier Babylon A.D. Ici Kassovitz ne semble pas franchement avoir la haine.

Ce film dérange du début à la fin (quelle introduction morbide !), c'est son but, et selon votre réceptivité, vous serez choqué et retourné, pris de malaises, ou bien vous vous plierez de rire à de nombreuses occasions, et parfois des plus simples.

En compétition à Sundance, le film en tout cas n'a que peu de chances de laisser insensible. Affreux, sales et méchants ...


Louise Michel à qui Jean Yanne rétorquait :"rouvrez les maisons".

mercredi 14 janvier 2009

De l'autre côté du plumard


Alice au pays des merveilles, le monde merveilleux de l'imaginaire, symbolisé par l'affront aux règles géométriques, le passage au travers des dimensions ...
Procédé introductif ici douteux, mais introductif, car de l'autre côté du lit, titre évocateur de mystères s'il en est (mais que se cache-t-il donc de l'autre côt du lit ? Jean-Paul Sartre a du y trouver la source à l'existentialisme), est un film douteux.
Et on est plus proche d'Alice ADSL que du paradis immatériel.
Première critique donc, le film est matérialiste, encrée dans son époque, avec des références modernes dirons-nous. Après, la morale a vécu pour les rédactrices d'Elle, l'époque se veut plus winner, internationolle, anglicisée, sexy, choux, tendance, apparente, cadre sup, brillante, échangiste; l'époque se veut surtout moins "prise de tête", vive le superficiel et léger.
Seconde critique, positive cette fois-ci, il est très plaisant de retrouver Sophie Marceau dans une comédie, on la sent rayonnante, joueuse, et quoi de mieux que de voir un acteur ou une actrice jouer, libérée ?

Troisième critique, mitigée sur la veste un peu trop large endossée par Dany Boon, sûrement plus à l'aise en son pays, malgré quelques trouvailles intéressantes et une sincérité assez évidente.

En conclusion, la comédie prête à sourire en quelques occasions, ne brille aucunement par sa finesse, et restera dans les annales, comme un film qui ne mérite absolument pas d'y rester, peut se consommer, mais reste fade.

mardi 13 janvier 2009

La tragédie d'un homme ridicule


Parmi les grands cinéastes italiens, on oublie parfois ceux qui sont encore vivants. Si Visconti, De Sica, Pasolini, Fellini, Antonioni, Ferreri, Risi, Bolognini, Rosselini nous ont quitté, Bertolluci* lui est toujours bien de notre monde, et il est intéressant de redécouvrir son oeuvre, et notamment celle qui nous est la moins connue. Nous évoquerons bien entendu un jour ses grands classiques que sont "le conformiste", "1900", "le dernier tango à Paris" ou encore "le dernier empereur", ou "un thé au Sahara", nous laisserons certainement plus volontiers de côté les "beauté volée" ou "Little Buddha", mais pour l'heure, attardons-nous sur une comédie, euh, une tragédie, celle d'un homme ridicule, Ugo Tognazzi. L'un des monstres, sacré [à Cannes pour ce rôle notamment] du cinéma italien, le monsieur de la chambre de l'évêque ou la tante de la cage aux folles, nous campe ici un personnage troublé, abasourdi, en proie à une remise en question complète de toute son existence. A ses côtés, une femme, Anouk Aimée, échappée de Fellini ou Lelouch (Un homme et une femme bien évidemment).
Tous deux entretiennent des relations bien différentes avec leur fils, esprit libre, contestataire, dans une Italie où le choc des générations se fait sentir, où la quête de sens plus que jamais resurgit. Ugo Tognazzi, maître fromager exploiteur, enrichi à force de travail, enrichi mais aussi endurçi, résigné, aigri. Son existence, qui dans sa prime jeunesse avait pu revêtir quelques habits idéologiques, est réduite à la plus nue expression du matérialisme, quand les sentiments vivotent. Le sens de l'humour perdu, le sens de l'amour égaré, le propriétaire entretient des relations conflictuelles avec son seul fils, fils à sa maman bien aimée.

Le film dissèque cette relation père-fils ambigue, comme le paysage politique italien, et nous dirige vers un trouble vertigineux: lors même que le fils envoie une lettre, et quelques présents adressés à son père, celui-ci, ragaillardi, assiste à une scène peu banale: le rapt de son fils après une course poursuite dont on pouvait penser qu'elle fut amicale.
Le décor est donné, l'intrigue trouvée ... Qui a kidnappé le fils ?
Film policier alors ....
A l'heure des brigades rouges, et au vu de l'engagement politique du fils du fromager ...
plutôt une critique sociale ?
Une relation homme-femme ambigue, la tragédie d'un homme que les gens délaissent ...
Un portrait psychologique ?
Une tragédie ?
Une comédie ?

Rien de tout ceci, ou plutôt un peu de tout ça ... L'enlèvement lui même sonne étonnant, ambigu.

L'intérêt est là, dans la confusion des genres, dans la confusion que les personnages, l'histoire, les situations suscitent au spectateur.

Au delà de cette interrogation dont vous trouverez peut être réponse (mais il est intéressant à la manière d'un bon Lynch de laisser l'interprétation choir en plusieurs hypothèses, sans plus de poids pour l'une ou l'autre), nous voyageons et redécouvrons les paysages verdoyants parmesans.

Un hommage à cette région quelque part ... hommage ou annonce de départ ... Bertolluci quitta l'Italie peu après.

Si vous nécessitez un dernier argument pour vous risquer à vous confondre, j'évoquerai le trio d' acteurs et actrices: Tognazzi, Aimée, Morante.




* parmi les rescapés citons encore Monicelli, Ettore Scola, les frères Taviani, Bellochio, Moretti, ...