vendredi 23 janvier 2009

Millionnaire des bidonvilles


Bombay devenu Mumbaï, cœur de Bollywood. Théâtre coloré pour qui veut voir au travers de la poussière des pots d'échappement et des travaux de la ville, théâtre animé où vous rencontrerez nababs comme lépreux, vaches sacrées comme chiens errants, musulmans, hindous et juifs, végétariens, végétaliens, ominivores, théâtre sulfureux de prises d'otages récentes, dans l'un des plus beaux hôtels de la ville et de l'Inde toute entière, la Taj Mahal. Les luxueux complexes côtoient les bidonvilles, tendent parfois à les remplacer, à les déplacer. Peu de places pour les édifices historiques, un bref passé colonial, symbolisé par cette gare Victoria, joyau touristique au même titre que Chowpatty Beach, l'anneau d'argent. Ville contrastée s'il en faut, vivante et charismatique, surchargée, étouffante, à l'atmosphère âpre, qui a inspiré Danny Boyle, monsieur "petits meurtres en amis", très British cosy, monsieur "Trainspotting", très British défonce, monsieur "La plage", très British en vacances, ou plus récemment monsieur "28 jours plus tard", très British Zombie.
Voici donc monsieur lorgnant cette fois si sur le passé colonial, dans un voyage auquel il nous convie; voyage visuel qui se veut rythmé telle l'agitée Mumbaï; course poursuite à travers les bidons et autres saris multicolores séchants. Voyage cadencé par la culture de Jamal Malik, enfant des bidonvilles, qui s'apprête à affronter son destin, devenir millionnaire, sans juste milieu, accéder à la gloire, vaincre les sarcasmes que sa condition lui a réservés, et lui réserve encore dans cette épreuve télévisée. Destin à laquelle l'Inde entière se raccroche.
Si Ewan Mc Gregor valait assurément mieux que Leonardo Di Caprio, le casting ici ne ronfle pas de noms tapageurs, pour nous autres élevés à l'hollywood chewing-gum, mais les fans de Bollywood y reconnaitrons quelques stars de là-bas, même si la star adulée Shar Ruk Khan n'a pu répondre présent. Ce parti pris a sûrement permis à Danny Boyle de retrouver son inventivité, sa vivacité d'esprit, sa capacité filmique à transfigurer, à sublimer les évènements; à les intensifier. Les couleurs, mais aussi les sons nous parviennent, la bande originale, osmose des sons indo-européens actuels nous rappelle que Trainspotting bénéficiait aussi d'un choix discographique de grande qualité, et le parallèle ne s'arrête certainement pas là. Le ton libre, la trame narrative annoncée certes, mais tenue, le rythme surtout, effréné, retrouvé dirons-nous, soutiennent la comparaison. Cette fois, la recette est cependant légèrement différente, l'humour n'est pas aussi présent, le film n'est pas nécessairement un film époque, tendance, choc; non, ici il fleure un air de fable, disons même de contes de fées, une fascination pour le destin et son écriture, une moralité bien présente, qui se comportera bien sera récompensé, une influence cinématographique évidemment empruntée, respectueuse, des dogmes Bollywoodiens.
En bien des moments, et pas seulement lors du générique final belle hommage, la référence se fait entendre, voir.
Voilà bien un film en tout cas dont le synopsis peut nous induire en erreur, voilà bien un film divertissant, voilà un film adage: « la culture se construit, se vit; la vie est culture ».

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