vendredi 27 mars 2009

La vague ... * point break 2


Le cinéma allemand nous évoquait principalement Herzog, Wenders et Fassbinder, après les Lang et autres Murnau, avant de nous apparaître ces dernières années très prolifique en oeuvres de très bonne facture (Good Bye Lenin, La vie des autres, ...). Une vitalité, un esprit critique; une rigueur qu'on lui connaît, et qui appliquée à des thématiques politiques s'avère bien souvent un atout cinématographique. L'envie nous prend de découvrir un nouvel auteur, au détour d'un sujet qui hante et inspire l'allemagne, l'interroge et la solidarise, la culpabilité éduquée, entretenue, le devoir de mémoire et le profil bas.
Nous voici alors entré dans une classe allemande, où les professeurs de sport peuvent enseigner, avec une liberté pédagogique symbole de l'éducation allemande, des sujets tels l'anarchie ou l'autocratie. Le tutoiement est de pair, le gentil professeur jouit d'une popularité auprès de ses élèves qui n'a d'égal que son charisme d'entraineur de water polo; ses idéaux sont irréprochables, il bénéficie du soutien de sa compagne professeur plus classique, et de sa principale, moderne et ouverte aux expériences pédagogiques. Liberté d'enseignement, compétences pédagogiques, charisme supposé. On est loin de "la journée de la jupe", on est plus proche du "cercle des poètes disparus", ou, si l'on devait considérer une carte postale immensémment réductrice, de François Bégeaudeau*. Le thème est interrogeant, intéressant, ambitieux, et on attend beaucoup de cette adaptation d'une histoire vraie, mais aussi d'un roman à succès outre Rhin. La naissance du fascisme, ses origines, ses attraits, la fragilité de la démocratie pourtant établie, démontrée par un professeur hors clous, hors sentiers, sans peur mais avec reproche.
Le film séduit dans sa première approche, on se prend à penser que nous allons vivre une expérience éducative élaborée, riche, critique, fine.
Malheureusement, après 1 heure et demie de leçon, nous retiendrons surtout de ce professeur sa pédagogie purement didactique, son revirement absolument incrédible, la superficialité caricaturale de sa démonstration aidée en cela par une acceptation de la théorie par ceux là même qui la dénoncaient au préalable.
Un propos du cinéaste qui finalement s'avère particulièrement confus, il semble quelque part vouloir quitter la culpabilité qui hante ses contemporains, l'ambiguité règne ... Là où nous pouvions attendre humanisme, raison, esprit critique, questionnement, nous nous désolons de trouver une pensée simplifiée, dogmatique, le professeur n'est pas nécessairement dans la classe, mais peut être bien derrière la caméra, et il semble nous imposer sa vision, pour éteindre notre esprit critique. Ne l'éteignons pas justement, ce film peut séduire peut être, il a quelques qualités, à commencer pas son thème, mais il peut aussi désoler, laisser de marbre, ou même déranger, dans le mauvais sens du terme.


* Au final, la comparaison avec "Entre les murs" est une erreur, celle avec "La journée de la Jupe" (bon film, excellente composition d'Adjani) l'est tout autant, la comparaison avec "le cercle des poètes disparus" semble presque plus logique. En fait, le comparaison qui me vient le plus à l'esprit serait avec "Point break".

mercredi 25 mars 2009

La fille du RER ** d'André Téchiné



Tiré d'un fait médiatique (on ne saurait dire fait-divers, puisqu'il s'agissait d'un énorme mensonge) La fille du RER nous emmène loin de ce thème qui n'est, bien entendu, qu'un prétexte, une trame comme une autre. Le film est composé de deux parties, dont la première est éblouissante.

Téchiné s'autocite : il reprend le magnifique thème musical de Barroco -une musique de Sarde. Cinématographiquement, il fait dans l'inédit lorsque les personnages incarnés par Emilie Dequenne et Nicolas Duvauchelle correspondent via Msn : à l'image se superpose leur conversation écrite, en grandes lettres, l'image des deux webcams prend tout l'écran, dans un grain magnifique. Il y a une très belle scène d'amour dans les tons rouges qui ressemble à un tableau, avec un très beau ralenti. Personne ne filme les bois ensoleillés comme il le fait -ce qu'il nous avait déjà montré dans Les roseaux sauvages.

Emilie Dequenne, inexploitée depuis Rosetta, trouve un rôle à sa mesure, un rôle de composition, comme Rosetta, d'ailleurs. Elle incarne une fille d'une vingtaine d'années presque toujours campée sur ses rollers. Pour cela elle s'est imposé un régime drastique pour être extrêmement mince -car selon elle on est mince à 20 ans, la plupart du temps- et des heures d'entraînement -elle avait très peur de tomber tout au long du tournage.

Catherine Deneuve est tout à fait crédible en maman d'Emilie Dequenne et en femme modeste vivant dans un petit pavillon de banlieue encombré du vacarme de RER -bien, qu'il faille le remarquer ni l'une ni l'autre n'ont l'âge des personnages. Michel Blanc, délesté de son passé de héros comique et loser, incarne parfaitement l'homme nanti et raffiné, et lorsque l'on lui invente un passé, on parvient à l'imaginer ainsi.

Un film de Téchiné n'est pas un film de Téchiné sans beaux éphèbes : aussi boit-on la beauté de voyou de Duvauchelle et la grâce adolescente de Jérémy Quaegebeur.

Le film, en dépit de sa beauté indéniable, de sa musique envoûtante, de ses acteurs parfaits, n'est que partiellement réussi. La seconde partie, celle du mensonge et ses conséquences ne tient pas : l'histoire s'éparpille, les points de vue de disloquent, la psychologie ne fonctionne pas (on n'y croit pas). En somme, le film n'est pas tenu jusqu'au bout. Il n'en demeure pas moins intéressant à voir, seulement on regrette le chef d'oeuvre qu'il aurait pu être, à quelque faux pas près.

vendredi 20 mars 2009

Coco numéro 0

Coco, un personnage "éclatant"

Alors il est comment le prochain film de Gad Elmaleh ?
Gad est beau, Gad est intelligent, Gad est drôle sans jamais être vulgaire, et désormais Gad est réalisateur et incarne Coco.
Coco, rien à voir avec Chanel, ni Cocorosie ou quoi. Coco, à l'instant de Chouchou, est un personnage d'un des spectacles de Gad, vous savez, ce type qui veut faire de la Bar Mitzvah de son fils un événement national, voire internationnal, sinon planétaire.
On retrouve donc ce personnage au sobriquet aux deux syllabes identiques dans un long métrage, qui, comme son personnage, a de gros moyens.
Gad Elmaleh passe donc à la réalisation, une réalisation plus rythmée et plus pro que Chouchou, avec le jeune comique Manu Payet, l'inénarable Jean Benguigui, Enrico Macias (qui avait joué dans La vérité si je mens 2).
Malgré cela, rien n'y fait. Le film de décolle pas, on rit peu, on sourit plutôt. Hormis le pitch de base, pas grand chose de plus dans le scénario, les enjeux dramatiques sont pour ainsi dire inexistants et donc les moments dits d'émotion ne nous font rien puisqu'on n'y croit pas, on n'accroche pas.
Chouchou, à défaut d'être un grand film comique, mettait en scène un personnage pas évident, un travelo d'origine algérienne, et Gad Elmaleh, qui n'était pas encore la superstar d'aujourd'hui , risquait beaucoup, et faisait d'un sujet habituellement tragique et marginal au cinéma un film fédérateur, qui, mine de rien, enseignait une certaine tolérance (Gad est aussi une immense star au Maroc et être travelo au Maroc ce n'est pas... évident). Coco, juif séfarade d'origine marocaine qui est parti de rien pour arriver à tout, n'arrive pas à nous toucher dans sa volonté de "montrer". Ce trait qui devait être émouvant -et qui pourrait être un rien autobiographique, toute proportion gardée, Elmaleh n'est pas du genre bling-bling- ne nous touche pas. La vérité si je mens 1 et 2, ou Comment t'y est belle, entre autres, ont surexploité les séfarades bigger than life qui jurent sur la vie de leur mère, portent des sapes dorées et se la donnent un max ; et ce qui faisait rire dans le sketch éponyme était justement que Coco exagérait tout ce qu'il disait, on n'imaginait pas que Spielberg vienne filmer la Bar Mitzvah de son fils etc... En gros c'était le côté "marseillais" et mauvaise foi du personnage qui faisait rire, sans compter que la durée d'un sketch n'est pas celle d'un film. Dans Chouchou, il y avait, pour répliquer à Gad, deux très bons acteurs dans deux bons personnages forts : Roschdy Zem en Frère Jean (ex-caillera devenu curé après avoir vu la Vierge) et Alain Chabat en amoureux transi d'une fille-garçon. Pour Coco, on a une apparition clin d'œil autobiographique de Depardieu, mais les autres personnages ou acteurs ne sont pas assez travaillés et font figure de faire-valoir.
On retrouve des gimmick -"Tu m'as éclaté !"- qui prendront sans doute le relais de "J'adoooore les sushi", l'humour de Gad n'est pas cradingue (ça fait plaisir), mais un immense comique de One man show (dont le premier spectacle, Décalages, est sans doute le meilleur et le plus touchant ) ne fait pas un grand comique de cinéma, encore moins un grand réalisteur de films comique (le genre le plus casse-gueule, doit-on le rappeler). Imagine-t-on De Funes, qui n'était jamais aussi drôle que filmé en gros plan, aussi tordant tout seul sur scène ?
De plus, on est surpris et un rien agacé de retrouver dans ce film des bons sentiments à l'américaine (dans les scènes avec le fils, la femme), limite La petite maison dans la praire version riche, sentimentalisme dont Elmaleh, pourtant, se moquait sur scène.
Mais malgré cela, on se doute bien que le film, dont les réservations en avant-première éclatent tout les records, va cartonner en salles comme l'a fait Camping, Les 11 commandements, Brice de Nice, Disco ou... Chouchou.

Filmographie inédite d'Adjani et pour cause

Vendredi 20 mars, sur Arte à 20h45, La journée de la jupe à ne surtout pas rater ! Le 23 mars, Isabelle sera l'invitée du Grand Journal pour ce film. -qui sort le 25 mars au cinéma. Petite rétrospective des films qu'elle n'a pas faits (quittés en plein tournage, refusés au scénario ou au dernier moment ou tout simplement non réalisés). Une liste qui forcément laisse ses fans sur leur faim.
(Merci à Emma pour sa contribution !)
Le bal des actrices de Maïwenn Le Besco. Elle a refusé son propre rôle, écrit, à sa demande, par Maïwenn. Elle trouve son personnage diffamant et propageant les pires rumeurs à son encontre.
New York I love you d'Antony Minghella. Le réalisateur est décédé entre temps, ce qui explique peut être pourquoi le film ne s'est pas fait.

Alexandre d'Oliver Stone. Rôle de la mère d'Alexandre, finalement tenu par Angelina Jolie.
Un crime au paradis de Jean Becker. Elle aurait du tourner le rôle du juge -dumoins on espère. Cela aurait été ses retrouvailles avec Jean Becker. Le film n'est pas terrible. Le rôle sera tenu par son ex, André Dussolier.
Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre d'Alain Chabat. Rôle repris par Monica Belluci. C'était l'époque où Adjani arborait une coupe au carré qui faisait indéniablement penser à l'impératrice. Elle a refusé le film au dernier moment. Son fils cadet, Gabriel-Kane, regrette beaucoup qu'elle l'ait refusé.
The double de Roman Polanski. Un film sur le thème du double qui ne s'est jamais fait. Adjani avait donné son accord et devait jouer en face de John Travolta et Jean Reno, mais quitta le projet lors du désistement de Travolta. Dommage.

Belphégor, le fantôme du Louvres
de Jean-Paul Salomé. Sophie Marceau la remplace une nouvelle fois.

Lunes de fiel de Roman Polanski. Lors de la parution du roman, Alain Delon et Adjani étaient intéressés par cette histoire de couple malsain au point d'en vouloir en acquérir les droits. Tout deux avaient très envie de jouer ensemble. Mais ils ont finit par se disputer. Isabelle Adjani était aussi intéressée par le roman de Pascal Bruckner, Les Voleurs de Beauté, paru en 1996, qui n'a jamais été adapté au cinéma.

Proposition indécente d'Adrian Lyne. Demi Moore tiendra le rôle. C'est la 2eme fois qu'elle refuse de tourner avec le réalisateur de 9 semaines et demie.

Basic Instinct de Paul Verhoeven. Le rôle qui a fait de Sharon Stone une star. Quand on voit Adjani en femme fatale dans Mortelle randonnée, on imagine combien elle aurait bien tenu le rôle de Katherine Tramel.

Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau.

La putain du Roi d'Alex Corti.Valéria Golino prendra sa place. Un film assez joli.

Trois places pour le 26 de Jacques Demy.
On aurait aimé voir Adjani dans l'univers faussement acidulé de Demy. Elle aurait de nouveau incarné la fille d'Yves Montand (après Tout feu tout flamme) mais cette fois de façon plus ambiguë. Mathilda May, alors en pleine ascension, reprend le rôle.

Maladie d'amour
de Jacques Deray.
Elle est remplacée par Nastassja Kinski qui, il faut l'avouer, est sublime dans ce film -en la voyant dedans, Françoise Hardy a dit qu'elle pourrait renoncer à l'hétérosexualité.
Si Adjani l'avait fait, elle aurait joué face à Jean-Hugues Anglade -qui joua son frère dans La Reine Margot. Un bon film.

37°2 le matin
de Jean-Jacques Beneix. Adjani s'est un temps intéressée à ce personnage qui sombre dans la folie. De même que Delon qui envisageait d'incarner le rôle de Zorg (!). Adjani et Delon ont envisagé plusieurs projets dans les années 80 mais se sont finalement brouillés.
Betty est incarnée par une jeune inconnue repérée par Dominique Besnehard : Beatrice Dalle. Magnifique. Atypique. Ne serait-ce que pour cette raison, et aussi parce que c'est un film culte qui semble indissociable de ses interprètes, on ne regrette pas ce choix.


The blackout
de Serge Gainsbourg. Un homme, sa femme, sa maîtresse. Un huit clos qui se serait passé lors d'une grande coupure d'électricité et où les personnages ne seraient éclairés que par les lumières des phares d'une voiture. Voici le synopsis :

A Los Angeles, dans sa villa, durant une panne d'électricité générale, le scénariste Leslie Anderson, sa femme Angela, fille d'un producteur connu, et sa maîtresse Alice, vivent à la lumière des phares d'une Cadillac un drame noir et passionnel ressemblant étrangement au dernier scénario du maître de maison. Un film "Hitchcockien, presque d'horreur"
Adjani aurait joué le rôle de la maîtresse tandis que Jane Birkin celui de l'épouse. Gainsbourg voulait un acteur américain pour le rôle principal puisque l'action se passait à Los Angeles. C'était le rôle d'un lâche qui, notamment, laissait sa femme se faire violer sous ses yeux alors qu'il avait une arme à feu et donc pouvait la défendre. Dirk Bogarde était initialement prévu pour le rôle qui le refuse car il sort de Providence, de Resnais, et ne veut pas aussitôt refaire un film trop noir. Robert Mitchum a plus ou moins décliné le rôle pour cette raison : ne pas jouer le rôle d'un lâche. Le rôle est finalement proposé à Alain Delon qui se fait projeter Je t'aime moi non plus avait d'envoyer un refus concis et cinglant. De Niro, lui aussi a été envisagé pour le film qui terminera en BD à défaut d'être sur l'écran. Pour lire Gainsbourg parler des péripéties du projet et voir les extraits de la BD c'est ici. D'ailleurs la bande dessinée reprend clairement les traits du visage des deux actrices envisagées et Gainsbourg dans le rôle masculin. Donc Isabelle sera, sous forme d'héroïne dessinée, l'interprète du scénario de Gainsbourg.

Paroles et musique
d’Elie Chouraki. Catherine Deneuve reprend le rôle. On voit les débuts de Charlotte Gainsbourg, dont Adjani aurait du incarner la mère.

Pirates de Roman Polanski. Le film a été écrit entre 1975 et 1976 avec Gérard Brach et se voulait une satire des films de pirates (un peu comme Le Bal des vampires est une parodie des films de vampires). Isabelle Adjani aurait du incarner le rôle féminin principal aux côtés de Jack Nicolson. Le film a eu des difficultés à se monter auprès des majors américaines qui déclineront finalement. Ce qui fait qu'il ne sortira finalement qu'en 1986, produit par Tarik Ben Amar. La toute jeune Emmanuellle Béart avait d'ailleurs passé un casting pour incarner le rôle initialement prévu pour Adjani.

Liaison Fatale d'Adrian Lyne. Le rôle de la "méchante" sera incarné par Glenn Close. Etrangement -car ce n'est pas un rôle des plus flatteurs et il est assez caricatural- Adjani déclarera regretter de ne pas l'avoir fait.

Police de Maurice Pialat. 1985. Isabelle Adjani était très intéressée par le rôle de Noria. En raison de ses vraies-fausses origines maghrébines. Pialat refuse qu'elle l'interprète, un peu pour se venger des refus d'Isabelle, notamment pour Loulou. Il faut noter que Sophie Marceau a "pris la place" d'Adjani dans au moins trois rôles. Elle devait d'ailleurs la remplacer pour Bon voyage, avant de tomber enceinte, et qu'Adjani reprenne finalement le rôle.

1984 : Jacques Veber lui écrit un rôle face à Pierre Richard. Le projet n'a pas vu jour malgré le scénario sur-mesure. Veber est un maître de la comédie et nul doute que le projet aurait été l'une des meilleures comédies d'Adjani avec Tout feu tout flamme.

Rendez vous
d'André Téchiné. Rôle incarné par la toute jeune Juliette Binoche.

Loulou de Maurice Pialat. 1980. Isabelle Huppert, qui a débuté avec Isabelle Adjani dans Fautine ou le bel été, reprend le rôle. Elle s'est souvent intéressée aux mêmes personnage qu'Adjani. La rencontre entre Pialat et Adjani aurait été magnifique, on n'en doute pas et on est curieux d'imaginer ce qu'aurait donné la star dans un film naturaliste et en roue libre.

L'Amour Braque d'André Zulawski. Film culte et disons le, chef-d’œuvre controversé. Rôle finalement tenu par Sophie Marceau.

Prénom Carmen de Jean-Luc Godard : film quitté en plein tournage. Elle sera remplacée par Maruska Detmers.
Adjani dira à Première : "L'équipe, c'était juste quelques personnes, plus une petite caméra 35mm, qu'il avait fait fabriquer, posée sur un pied, et pas de lumière ni en extérieur, ni en interieur... Je me suis dit : ça c'est formidable... Godard, son truc, c'est de faire des films de niveau A avec du système D ! Mais je ne m'y suis pas habituée : pendant ces quelques jours avec lui, je me suis sentie sans protection, vulnérable... Il a un enthousiasme très pudique et je crois que pour saisir ce qu'il y a de tendre et de chaleureux, il faut avoir la pêche. Et moi je n'étais pas assez en forme pour affronter ses méthodes de tournage magnifiquement perverses. Ce n'était pas le bon moment, c'est aussi bête que ça. Alors, tout simplement, je suis partie..."

Chic de Jean Paul Rappeneau. Elle aurait joué face à Catherine Deneuve.

La dame aux camélias de Joseph Losey.
Isabelle Adjani était partante elle a même fait les essais coiffure. C'est un rôle qu'elle a bien sûr finalement incarné au théâtre. Le film ne s'est pas fait faute de producteur -il aurait du se faire aux Etats Unis. Dommage, car le grand Losey avait déjà offert un de ses meilleurs rôles à Alain Delon dans Mr Klein et on ne doute pas que La dame aux camélias -un type de rôle dans lequel Adjani excelle- aurait été, au moins, un très bon film.

Cet obscur objet du désir de Luis Bunuel.
Attention, chef d'oeuvre !
Maria Schneider, sublime héroïne du Dernier Tango à Paris, avait quitté le tournage, brouillée avec Bunuel et ne tenant pas à jouer dans un film qu'elle avait qualifié de pornographique.
Adjani a décliné le projet car elle avait peur de danser le falmenco nue. Le rôle, à deux facettes, sera tenu par Carole Bouquet, qui fait ici ses début, ainsi que Angla Molia.

Espace zéro de Pierre-Jean de San Bartholomé. Un projet qui date de 1974. Isabelle Adjani y a eu pour partenaires Eugéne Ionesco, Emmanuelle Riva, Jacques Spiessier et Daniel Gelin. Le film a été tourné mais demeure inédit;

vendredi 13 mars 2009

Gran Torino ***


Passionné de voiture de collection ? Fan des 24 heures du Mans ?



Vous avez fait la guerre du Vietnam ? Vous êtes profondément républicain ?
Vous vous rendez compte qu'autour de vous les gens sont intéressés ?
La jeunesse vous agace ?
Fan de Bricolage/Mécanique ?
Amateur de vocabulaire fleuri sorti de derrière les fagots ?
Fan de Clint Eastwood ?
Cinéphile peut être?
Gran Torino est fait pour vous;

Le nouvel opus du toujours fringuant Clint s'avère une réussite assez époustouflante, un petit exercice de style parfaitement maîtrisé, une étrangeté réjouissante.
La comparaison fera peut être sourire, mais Clint emprunte parfois à Homer Simpson, personnage oh combien pétri de défauts, mais au cœur gros comme une maison en lotissement pour qui sait y voir.
La rédemption est au centre du sujet, tout comme la bêtise environnante, à la façon Dino Risi parfois (Les monstres, les nouveaux monstres). Le film sonne le plus juste dans son approche assez déroutante, le jeu de fausse pistes, de paradoxes; la complexité de la simplicité.
Laissez-vous séduire, au menu vous alternerez entre rire jaune, rire franc, rejet, et au moment où vous vous y attendrez le moins, dans un silence de cathédrale, l'émotion vous gagnera.
Portrait aigre-doux de l'américain vietnamien, portrait acéré d'une société troublée, portrait où l'humain et la religion sont questionnés.



A conseiller définitivement, et notamment pour le florilège impressionnant d'insultes !
Affreux, propre, et pas si méchant.

jeudi 12 mars 2009

"Welcome" de Philippe Lioret




Un jeune Irakien sans papier rencontre un maître nageur, ancien champion qui a renoncé, tout çela dans le décor glaçant de Calais.

Un titre ironique. Philippe Lioret, après Je vais bien ne t'en fais pas, descend un cran de plus dans le sombre. On est bien loin de Mademoiselle, hommage solaire et léger à Sandrine Bonnaire.
Le point commun avec son dernier film ? Un très jeune personnage en but à un monde plus hostile. Le sujet "sans papier à Calais" pouvait rebuter d'aucuns. Il n'en est rien, car bien que le sujet soit traité, de ce point de vue, de façon documentaire (il n'est rien qui soit dans le film qui ne soit vrai, nous a confié P. Lioret en entretien), le romanesque et la beauté cinématographique demeurent. D'ailleurs la lumière est si belle qu'Audrey Dana ressemble à Mélanie Laurent.
Histoires d'amours (deux). Un jeune homme prêt à traverser la manche à la nage pour rejoindre sa bien-aimée. un autre qui n'a pas eu le courage de traverser la rue pour rattraper sa femme qui le quittait. Firat Ayverdi est une véritable révélation. Les spécialiste disent que Vincent Lindon n'a jamais été aussi bien et Lioret d'ajouter qu'il n'a jamais été aussi lui-même. Sans rien en révéler, la fin est une gifle -à la Bertrand Cantat. Lioret se défend d'avoir fait un film politique et noir. Ne le lui dites-pas, cela l'énerve. Ne lui déplaise, Première est d'accord avec nous et Eric Besson, ministre de l'immigration, est en colère après ce film. Allez le voir.
NB: Pour entendre Philippe Lioret, réécoutez l'émission de samedi dernier:

L'émission du 07/03/09 Entretien avec P. Lioret: Welcome


tilidom.com

dimanche 1 mars 2009

Quand Mickey devient Hulk ...


Mickey Rourke, 9 semaines et demi ... Le bellâtre, charismatique, sensuel; marginal à l'écran comme à la vie. Les années 80 furent fastes et cinématographiques, les 90 bien plus obscures, la boxe, l'alcool, les mœurs. La décennie 2000 l'a fait apparaitre par instants, dans Sin City ou Domino par exemple. Les deux films ont des plastiques très particulières, nous faisant douter du portrait méconnaissable;


Daren Aronofski avait fait son entrée dans le 7ème art avec un très énigmatique Pi, avant d'être révélé via l'excellent Requiem for a dream (Adaptation de Selby), où son sens plastique, son point de vue de cinéaste avaient fait merveille, dans un tourbillon clinquant, naroleptisant et intriguant. Plus récemment, en 2006, The Fountain avait reçu une critique intéressante.
Nous retrouvons donc Daren Aronofski dans une nouvelle réalisation, défi, qu'il pensait proposer à N. Cage dans un premier temps, mais pour lequel l'homme-personnage Mickey Rourke semble taillé, tant sa vie et son œuvre présentent des similarités avec le personnage de "Randy The Ram", le bélier, catcheur à succès tombé dans un quotidien désaffecté, âpre, esseulé.
"The Wrestler" [le lutteur] démarre, après un bref flashback sur les succès antérieurs, par la vue du dos de Mickey Rourke, mélange de Hulk Hogan et de Flash Gordon [quant à son allure]. Cette séquence impressionne. Décrouvrira-t-on le visage de celui que l'on sait devenu monstre après avoir été l'un des plus expressifs charmeurs ?
Le film emprunte pour partie sa trame à Rocky, et ce n'est pas lui faire déshonneur que de dire cela, nous entendons par là que le film nous introduit un personnage revanchard, à la gloire oubliée, lessivée courageux. Le parti-pris est cependant bien différent, le courage et le vice plutot que le courage et la vertu, le repenti avorté, l'échec social en lieu et place d'"Adrienne j'ai gagné". Mickey et non Sylvestre. Randy et non Rocky.
Un moment à passer ambigu, trouble, âpre et maitrisé, pas franchement en famille - pas glamour pour un penny, quoi que la trame scénaristique tend à nous induire en erreur, ou à nous égarer, le temps d'une sentimentalité retrouvée.

Arnofosky prouve son talent, nous sommes très loin de Requiem for a dream, de ses illusions, de son monde inventé, des artifices, là nous sommes cruellement au milieu d'une réalité, et le pont entre les deux films n'est pas la lumière, le rythme, le son mais bien le thème, l'addiction, la vision - pessimiste mais ambigu, parfois compréhensive - tout n'est pas blanc ou noir - mais aussi la qualité du cinéaste.
Un film à voir, de qualité, mais qui ne pourra pas séduire le plus large public. (réservé à un public averti dirons-nous).
Nous gardons nécessairement à l'esprit cette scène finale où l'interprétation est guidée, mais sans vérité absolue, et la scène introductrice; l'entrée de l'artiste que l'on suit de dos.