mercredi 25 mars 2009

La fille du RER ** d'André Téchiné



Tiré d'un fait médiatique (on ne saurait dire fait-divers, puisqu'il s'agissait d'un énorme mensonge) La fille du RER nous emmène loin de ce thème qui n'est, bien entendu, qu'un prétexte, une trame comme une autre. Le film est composé de deux parties, dont la première est éblouissante.

Téchiné s'autocite : il reprend le magnifique thème musical de Barroco -une musique de Sarde. Cinématographiquement, il fait dans l'inédit lorsque les personnages incarnés par Emilie Dequenne et Nicolas Duvauchelle correspondent via Msn : à l'image se superpose leur conversation écrite, en grandes lettres, l'image des deux webcams prend tout l'écran, dans un grain magnifique. Il y a une très belle scène d'amour dans les tons rouges qui ressemble à un tableau, avec un très beau ralenti. Personne ne filme les bois ensoleillés comme il le fait -ce qu'il nous avait déjà montré dans Les roseaux sauvages.

Emilie Dequenne, inexploitée depuis Rosetta, trouve un rôle à sa mesure, un rôle de composition, comme Rosetta, d'ailleurs. Elle incarne une fille d'une vingtaine d'années presque toujours campée sur ses rollers. Pour cela elle s'est imposé un régime drastique pour être extrêmement mince -car selon elle on est mince à 20 ans, la plupart du temps- et des heures d'entraînement -elle avait très peur de tomber tout au long du tournage.

Catherine Deneuve est tout à fait crédible en maman d'Emilie Dequenne et en femme modeste vivant dans un petit pavillon de banlieue encombré du vacarme de RER -bien, qu'il faille le remarquer ni l'une ni l'autre n'ont l'âge des personnages. Michel Blanc, délesté de son passé de héros comique et loser, incarne parfaitement l'homme nanti et raffiné, et lorsque l'on lui invente un passé, on parvient à l'imaginer ainsi.

Un film de Téchiné n'est pas un film de Téchiné sans beaux éphèbes : aussi boit-on la beauté de voyou de Duvauchelle et la grâce adolescente de Jérémy Quaegebeur.

Le film, en dépit de sa beauté indéniable, de sa musique envoûtante, de ses acteurs parfaits, n'est que partiellement réussi. La seconde partie, celle du mensonge et ses conséquences ne tient pas : l'histoire s'éparpille, les points de vue de disloquent, la psychologie ne fonctionne pas (on n'y croit pas). En somme, le film n'est pas tenu jusqu'au bout. Il n'en demeure pas moins intéressant à voir, seulement on regrette le chef d'oeuvre qu'il aurait pu être, à quelque faux pas près.

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