dimanche 1 mars 2009

Quand Mickey devient Hulk ...


Mickey Rourke, 9 semaines et demi ... Le bellâtre, charismatique, sensuel; marginal à l'écran comme à la vie. Les années 80 furent fastes et cinématographiques, les 90 bien plus obscures, la boxe, l'alcool, les mœurs. La décennie 2000 l'a fait apparaitre par instants, dans Sin City ou Domino par exemple. Les deux films ont des plastiques très particulières, nous faisant douter du portrait méconnaissable;


Daren Aronofski avait fait son entrée dans le 7ème art avec un très énigmatique Pi, avant d'être révélé via l'excellent Requiem for a dream (Adaptation de Selby), où son sens plastique, son point de vue de cinéaste avaient fait merveille, dans un tourbillon clinquant, naroleptisant et intriguant. Plus récemment, en 2006, The Fountain avait reçu une critique intéressante.
Nous retrouvons donc Daren Aronofski dans une nouvelle réalisation, défi, qu'il pensait proposer à N. Cage dans un premier temps, mais pour lequel l'homme-personnage Mickey Rourke semble taillé, tant sa vie et son œuvre présentent des similarités avec le personnage de "Randy The Ram", le bélier, catcheur à succès tombé dans un quotidien désaffecté, âpre, esseulé.
"The Wrestler" [le lutteur] démarre, après un bref flashback sur les succès antérieurs, par la vue du dos de Mickey Rourke, mélange de Hulk Hogan et de Flash Gordon [quant à son allure]. Cette séquence impressionne. Décrouvrira-t-on le visage de celui que l'on sait devenu monstre après avoir été l'un des plus expressifs charmeurs ?
Le film emprunte pour partie sa trame à Rocky, et ce n'est pas lui faire déshonneur que de dire cela, nous entendons par là que le film nous introduit un personnage revanchard, à la gloire oubliée, lessivée courageux. Le parti-pris est cependant bien différent, le courage et le vice plutot que le courage et la vertu, le repenti avorté, l'échec social en lieu et place d'"Adrienne j'ai gagné". Mickey et non Sylvestre. Randy et non Rocky.
Un moment à passer ambigu, trouble, âpre et maitrisé, pas franchement en famille - pas glamour pour un penny, quoi que la trame scénaristique tend à nous induire en erreur, ou à nous égarer, le temps d'une sentimentalité retrouvée.

Arnofosky prouve son talent, nous sommes très loin de Requiem for a dream, de ses illusions, de son monde inventé, des artifices, là nous sommes cruellement au milieu d'une réalité, et le pont entre les deux films n'est pas la lumière, le rythme, le son mais bien le thème, l'addiction, la vision - pessimiste mais ambigu, parfois compréhensive - tout n'est pas blanc ou noir - mais aussi la qualité du cinéaste.
Un film à voir, de qualité, mais qui ne pourra pas séduire le plus large public. (réservé à un public averti dirons-nous).
Nous gardons nécessairement à l'esprit cette scène finale où l'interprétation est guidée, mais sans vérité absolue, et la scène introductrice; l'entrée de l'artiste que l'on suit de dos.





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